Carl Michaelson : "Je prends toute la responsabilité"

Les faits sont là : les Corsaires de Dunkerque n’ont toujours pas gagné de match dans ce championnat de première division. Plusieurs avis à ce sujet : les nombreuses absences de joueurs blessés, un manque de préparation, un manque d’envie, un manque d’alchimie dans l’équipe... Vous l’aurez compris, un mot revient tout le temps : UN MANQUE. Mais que manque-t-il à cette équipe pour gagner ? Le dernier match à domicile contre Mont-Blanc a déprimé les supporters qui n’ont pas vu l’équipe prometteuse qu’on leur avait annoncé et qui l’est sur le papier.
Il était temps pour le technicien dunkerquois, Carl Michaelson, d’intervenir et de rassurer les supporters dunkerquois sur son équipe.

Quels sentiments as-tu après cette 4ème défaite ?
Je ne suis pas satisfait de l’enchaîenment des défaites. C’est normal de ne pas aimer ça. Mais je vois un point positif : il m’a fallu 4 matchs pour voir mon équipe comme il faut. Je savais des choses tout le long mais là j’ai conclu sur ce début de saison. J’ai dit aux joueurs que les 4 matchs joués étaient le début de saison mais que maintenant c’était terminé. On a eu notre chance de voir où se trouvaient nos faiblesses et là on est dans une période de réflexion. Depuis cette défaite contre Mont-Blanc, on vit nos meilleurs entraînements de la saison car je comprends mes erreurs. Je prends 100% des responsabilités pour les prestations des joueurs et d’où nous nous trouvons. Les joueurs en ont également mais c’est à moi de voir comment les choses fonctionnent pour pouvoir s’améliorer.
Je pensais certaines choses sur le groupe et j’avais tord. Les joueurs n’étaient pas prêts à prendre certains éléments en main.

Quelles sont tes erreurs selon toi ? As-tu des solutions à amener ?
J’avais préparé mon camp d’entraînement et mon début de saison d’une différente manière que la saison derniière. Mais je m’aperçois aujourd’hui que je n’aurais pas du car il manquait des choses dans notre vestiaire. Notre effectif est amélioré avec des joueurs qui ont plus d’expérience et un meilleur sens du jeu. Mais en même temps, ça ne veut pas dire que tu devrais les préparer différemment. J’ai cru que je pouvais le faire, mais ça n’a pas fonctionné. Les soucis sur la glace sont directement reliés aux focus dans les entraînements. J’avais des tactiques que je voulais faire, des manières de jouer dans nos points forts. Mais on ne fait pas ça comme il faut.

Si on regarde Anglet, premier match de la saison, les deux équipes pouvaient gagner. A chaque match nous avons plus de lancers que l’autre équipe. Notre jeu est meilleur mais il manque l’envie, les sacrifices et les jeux devant la cage. Nous ne sommes pas dangereux. Nous créons du jeu : nous avons du talent. Mais sur tous nos lancers contre Mont-Blanc, nous n’avons aucun lancer dangereux.

Ce que nous travaillons en entraînement, nous ne le revoyons pas en match. Je pense que nos entraînements ne sont pas assez difficiles. Les joueurs ont peur de se faire mal. Ils sont trop amis. Cela manque de challenge. Je n’ai pas assez créé ces enjeux dans les entraînements. On manque de fraternité dans le groupe. Notre match contre Nice était bon car à l’entraînement nous avions travaillé certains points. Et l’envie était là pour les joueurs qui souhaitaient bien faire face aux nombreux blessés. Les buts pris sont des buts “cadeaux" alors que nos buts sont mérités et construits. Les joueurs veulent des choses trop facilement.

Cela sera-t-il suffisant ?
J’ai une sensation de calme en ce moment parce que je sais ce qu’on doit faire pour avoir du succès. Je n’assure pas qu’on va gagner notre prochain match mais je suis 100% confiant sur le fait que vous allez pouvoir voir une toute autre équipe au prochain match. C’est la première fois de la saison que je ressens ça. Avant tous les autres matchs, je suis honnête, je ne sentais pas bien avec mon groupe, à part contre Nice.

Pour avoir ce que tu veux de tes joueurs, tu dois créer une atmosphère sur la glace : la rigueur, le sérieux (le sérieux-rigueur en un seul mot). C’est ça qu’il faut. Et les joueurs sont un peu fragiles : ils ne veulent pas faire certaines choses car ils sont trop copains. Je vais devoir amener le challenge et ils seront dans des situations où ils seront obligés de travailler sur ça. Après, pour avoir du succès sur la long-terme, ca va être à eux, et surtout à nos leaders et nos vétérans de prendre les choses en mains. Je ne pourrais pas être celui qui les force à faire ce qu’ils doivent faire pour toute la saison. Je peux leur montrer le bon chemin à suivre en ce moment, mais c’est eux qui devront naviguer sur le vaisseau.

Le match contre Mont-Blanc, le plus mauvais match de la saison par rapport à l’ambiance, déception du public, prestation des joueurs. Ton ressenti ?
Le public avait raison. Les supporters doivent nous demander beaucoup, ils nous donnent tant. Si le public hue, c’est qu’ils sont passionnés et attendent mieux de leur équipe. Des choses ont été dites qui n’auraient pas du être dites sur les joueurs. Les supporters ne devraient pas être fâchés contre les joueurs mais contre moi. Je prends toute la responsabilité : comme je l’ai dit, j’ai pris 4 matchs pour voir les choses à changer. Les joueurs ne te diront pas ça car ils ont leur fierté. Ce sont de bonnes personnes mais ils doivent devenir de meilleurs coequipiers.

Cependant, les supporters doivent rester dans les moments les plus durs. Un match n’est terminé qu’au coup de sifflet final. J’ai déjà vu des retournements de situation dans un match en quelques minutes ou secondes. Tout est possible.

La première ligne a beaucoup bougé, et n’a pas été efficace sur ce dernier match. Tes impressions ?
On appelle les lignes par rapport au centre. On attend beaucoup de la ligne de Mathieu Cyr. Mais il revient de sa blessure et a mal joué. Pourtant sa ligne a eu beaucoup d’occasions et se trouvait souvent en zone d’attaque. Mais ils n’étaient pas dangereux. Quand ça devient difficile avec ton slap, il faut revenir à ton poignet, tu peux alors cibler plus facilement, comme Clément Thomas. Miroslav Kristin et César Joffre doivent faire ça. Kadic je l’ai mis là mais il manque de condition physique et il doit changer ça. Quand j’ai mis Toni Klusskeri, ça allait mieux mais il n’a pas fait son meilleur match non plus. Ses punitions nous coûtent cher.

Tout le monde anticipe pour aller sur l’offense : on triche. Nous, nous devons anticiper pour défendre. Plusieurs de mes défenseurs vétérans doivent mieux maitriser leur jeu, ce sont les raisons pour lesquelles notre Club était intéressé par eux.

Que peux-tu nous dire sur le départ de Nicholas Parisella ?
Je ne veux pas trop en parler. Il avait des soucis personnels qui ne sont pas à partager. Son but en venant ici était d’en arranger certains mais ce n’était pas le meilleur environnement pour lui. Il est parti dans une situation respectueuse avec moi. C’est sûr que j’aurais aimé le voir rester, mais ça ne pouvait pas être le cas.

Un remplacement de prévu ?
C’est compliqué financièrement. Mais j’aimerais.

Cet enchaînement de matchs (4 matchs en 8 jours), penses-tu que cela peut créer des automatismes ?
D’abord il y a Nantes. Je ne réfléchis pas aux matchs suivants ou à cet enchaînement. Je dois préparer l’équipe pour ce match contre Nantes. Mais c’est sûr que plus les joueurs vont jouer, plus la cohésion sera là.

Justement, revenons sur ce match contre Nantes, les joueurs ont-ils la pression sur leurs épaules. Comme un match à ne pas perdre.
Chaque match a sa pression. Il faut agir avec elle. Moi je l’ai toujours sur le dos. Si on n’est pas capable de se mettre la pression, alors nous ne sommes pas de grands sportifs. On peut reprendre notre saison, gagner contre Tours ou Anglet et gagner la série. Des choses arrivent dans le sport. Tout le monde est nerveux car on a 0 victoire pour 4 défaites, mais moi je ne le suis pas. Tu es sportif car tu as des challenges comme ça.

La coupe de France contre Rouen au premier tour ?
C’est vraiment la malchance de tomber au premier tour contre Rouen. C’est un peu con quand tu y penses. Je fait la demande au Club de jouer dans la coupe de France pour donner à nos joueurs et supporteurs plus de matchs, et on est exempté le premier tour, et maintenant ce tirage au sort !! Si le but de la fédé est de promouvoir la Coupe de France et encourager les Clubs à y participer, leur tirage au sort n’est pas une bonne solution. On n’a même pas un match à domicile ! C’est sûr que tu ne peux pas plaire à tout le monde, mais c’est le 2e tour…Alors c’est sûr que nous ne partons pas à Rouen dans l’objectif de perdre mais bon, on joue chez eux, dans la semaine, avec beaucoup de mes joueurs qui travaillent, deux jours après un autre match et en pleine préparation pour deux matchs beaucoup plus importants. Au-delà de ça, nous partons pour avoir du fun face à cette équipe. On va tenter d’avoir une expérience respectueuse là bas.

On en est où dans le professionnalisme à Dunkerque ?
De mon coté c’est plutôt une question pour les joueurs : s’ils sont satisfaits du niveau de professionnalisme. Par contre, nous sommes un Club, et en temps que Club on a beaucoup de responsabilités qu’on porte vers nos licenciés, le hockey mineur, les parents, les dirigeants, nos bénévoles, la ville et tous nos supporters. Pour prendre le contrôle de ce “Professionnalisme”, il faut prendre plus de responsabilités, et pour cela on ne peut pas avoir un manque de communication. Le Focus en ce moment est d’augmenter notre niveau de communication et dans les semaines à venir de nouvelles choses vont être mises en place : une nouvelle page facebook pour le hockey mineur, le site web va être mis à jour...